RON KEEL BAND: South X South Dakota (2020)
Rien de tel que de bonnes reprises du rock sudiste pour se donner du baume au cœur en ces temps de vague à l'âme, surtout quand l'efficacité prime musicalement ainsi qu'une production au rendez vous. Ce bel ouvrage tonique et racé est l’œuvre du grand vocaliste Ron Keel. Ron Keel, qui a une discographie conséquente, toujours bien inspirée qui fait se croiser plusieurs styles musicaux : Rock sudiste, Country Rock, Outlaw Country, Hard Rock, Métal, notamment avec son groupe IRON HORSE qui nous avait éblouis avec son second opus "Bring it On" (2004) où trônait « Dixie Highway » avec la participation d'Henry Paul. Cet album de reprises est en fait le deuxième opus sous l'appellation Ron Keel Band, faisant suite à l'album "Fight like a Band" sorti l'an dernier rempli d'un « Southern Rock » maous costaud. Ce South X South Dakota devrait en ravir un bon nombre par ces reprises assez conformes aux originaux, avec une très bonne entrée en matière par "Train Train" de Blackfoot suivit du "Rockin ' into the Night" de 38 Special,. Le Rossington Collins Band est à l'honneur avec "Don't Misunderstand Me" enluminé par la voix de Jasmine Cain mêlée à celle de Ron Keel. S'ensuit le "Red White and Blue" de Skynyrd, une déferlante version du "Flirtin' with Disaster" de Molly Hatchet, pour arriver à une phase "Southern Country Rock" qui débute par le "Ramblin ' Man" de Dickey Betts, ciselée. Suit le "Fire on the Mountain" du Marshall Tucker Band, et un bon étonnement d'entendre le "Mammas don’t let your babies grow up to be cowboys" popularisé par Waylon Jennings et Willie Nelson. Après coup, retour aux fondamentaux avec une superbe version de "Homesick" de l’Atlanta Rhythm Section, ainsi qu'une cavalcade en règle par le "Ghost Riders in the Sky" version Outlaws. L'album s'achève avec un medley live consacré au Creedence Clearwater Revival. Une seule petite déception, Charlie Daniels aux abonnés absents : son "The South’s Gonna Do It Again" aurait fait bonne mesure .
Jacques Dersigny
Ron Keel est un chanteur américain qui s’est très bien débrouillé dans le show business du heavy metal. Il a sorti un disque solo en 2014 (« Metal cowboy ») et plusieurs de ses chansons ont servi dans diverses productions pour la télévision et le cinéma. Autant le dire tout de suite, ce disque laisse perplexe car il est uniquement composé de reprises de certains titres phares du rock sudiste agrémentés à la sauce hard.
Le « Train train » de Blackfoot démarre avec une bonne intro à l’harmonica mais le tempo est un peu moins rapide que l’original et le solo d’orgue n’a rien à faire là. Il se dégage donc de ce titre une impression de mollesse. « Rockin’ into the night » de 38 Special est correctement exécuté mais sur« Don’t misunderstand me » (du Rossington-Collins Band), la voix masculine de Ron Keel sonne bizarre et la chanteuse qui le rejoint en duo n’a pas le coffre de Dale Krantz. Sur « Red, white and blue » de Lynyrd Skynyrd, la partie de piano rate évidemment son but (n’est pas Billy Powell qui veut) et le final manque d’ampleur.
Á l’écoute de « Flirtin’ with disaster » de Molly Hatchet, la sentence est immédiate. Cette reprise enterre mille fois celle du groupe fantoche qui officie actuellement sous la célèbre bannière. Bon travail !
La reprise du « Ramblin’ man » de l’Allman Brothers Band se révèle assez intéressante mais celle de « Fire on the mountain » (du Marshall Tucker Band) est complètement molle, jouée sous somnifères, même avec l’accélération sur les refrains piquée à la version de Doc Holliday.
Heureuse surprise avec la chanson country « Mamas don’t let your babies grow up to be cowboys » (popularisée par Waylon Jennings et Willie Nelson) interprétée avec vigueur et originalité. Si « Homesick » (d’Atlanta Rhythm Section) repris légèrement en hard rock reste assez plaisant, en revanche « Ghost riders in the sky » (remis au goût du jour par les Outlaws en 1980) frôle la catastrophe. On croirait entendre le générique d’un mauvais feuilleton télé joué par un orchestre de variétés qui s’essaierait au heavy metal. Quant au medley de Creedence Clearwater capté en live, il n’ajoute rien de plus. Les musiciens étant d’un bon niveau, on peut se poser des questions. Á quoi tout cela sert-il ? Pourquoi n’ont-ils pas réalisé un album fait de compositions personnelles ? Ce disque mitigé ressemble à un ouvrage de vulgarisation du « southern rock » à l’intention des apprentis hard rockers. Ça peut passer en fond sonore mais sans plus. Après avoir écouté cet album, on ne peut pas s’empêcher de faire un parallèle avec la bande dessinée de Franck Margerin où le rocker Lucien se fait offrir à Noël « Douze succès de Gene Vincent par Marcel Sandroz et son accordéon magique ».
Comme l’indique si justement le site internet du Ron Keel Band, ce groupe est parfait pour les concentrations de bécanes, les casinos, les foires et autres animations de rues.
Pourtant le niveau technique de cette formation laisse transparaître un certain talent. Un talent gaspillé pour l’occasion.
Dommage !
Olivier Aubry